L'INTERNATIONALE
 
- Paroles d’Eugène Pottier (1871)
- Musique de Pierre Degeyter

Debout ! les damnés de la terre
Debout ! les forçats de la faim
La raison tonne en son cratère :
C’est l’éruption de la fin
Du passé faisons table rase
Foule esclave, debout ! debout !
Le monde va changer de base :
Nous ne sommes rien, soyons tout !
**
Refrain
C’est la lutte finale
Groupons nous et demain
L’Internationale
Sera le genre humain. (bis)
**
Il n’est pas de sauveurs suprêmes :
Ni dieu, ni césar, ni tribun,
Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes !
Décrétons le salut commun !
Pour que le voleur rende gorge,
Pour tirer l’esprit du cachot
Soufflons nous-mêmes notre forge,
Battons le fer quand il est chaud !
**
L’Etat opprime et la loi triche ;
L’Impôt saigne le malheureux ;
Nul devoir ne s’impose au riche ;
Le droit du pauvre est un mot creux.
C’est assez languir en tutelle,
L’égalité veut d’autres lois ;
« Pas de droits sans devoirs, dit-elle,
« Egaux, pas de devoirs sans droits ! »
**
Hideux dans leur apothéose,
Les rois de la mine et du rail
Ont-ils jamais fait autre chose
Que dévaliser le travail ?
Dans les coffres-forts de la bande
Ce qu’il a créé s’est fondu.
En décrétant qu’on le lui rende
Le peuple ne veut que son dû.
**
Les Rois nous saoulaient de fumées.
Paix entre nous, guerre aux tyrans !
Appliquons la grève aux armées,
Crosse en l’air et rompons les rangs !
S’ils s’obstinent, ces cannibales,
A faire de nous des héros,
Ils sauront bientôt que nos balles
Sont pour nos propres généraux.
**
Ouvriers, Paysans, nous sommes
Le grand parti des travailleurs ;
La terre n’appartient qu’aux hommes,
L’oisif ira loger ailleurs.
Combien de nos chairs se repaissent !
Mais si les corbeaux, les vautours,
Un de ces matins disparaissent,
Le soleil brillera toujours !
**

Cliquez sur l'image du phono pour faire
démarrer la musique



Retour
Juin 1871 : Dans sa prison, au milieu de Communards qui attendent la mort, Eugène Pottier écrit un poème en l’honneur d’une part des milliers de mort de la Semaine sanglante, d’autre part de l’Internationale Ouvrière dont plusieurs personnalités splendides ont péri "Disputant l’avenir Aux pavés de la ville".
6 novembre 1887 : Mort d’Eugène Pottier, auteur de l’Internationale
Il le dédie particulièrement à Gustave Lefrançais, instituteur républicain et anarchiste.
Ce texte sera chanté sur l’air de La Marseillaise qui n’est pas encore l’hymne de la République française.
En 1888, la Lyre des Travailleurs (chorale lilloise du Parti Ouvrier Français) entreprend de modifier légèrement le texte. Pierre Degeyter, ouvrier de l’usine Fives-Cail, dans les faubourgs de Lille, le dote d’une nouvelle musique dont la partition est publiée en 1889.
Ce chant est alors entonné par le 14 è Congrès du Parti Ouvrier Français (Jules Guesde) à Lille en juin 1896, puis par les délégués du fameux Congrès Socialiste de la salle Japy, à Paris, le 8 décembre 1899 (Guesde, Jaurès, Allemane, les blanquistes...).
En 1904, lors du Congrès d’Amsterdam de la 2ème Internationale, il devient l’hymne du mouvement ouvrier, socialiste et révolutionnaire, le chant de référence d’une très large partie de la gauche à travers le monde.
Le 12 juin 1917, le caporal Dauphin, décoré pour héroïsme mais accusé d’avoir chanté L’Internationale, est fusillé (douze balles dans la peau).
Noël 1933 : Les bourreaux nazis s’amusent à couper la tête de militants à la hache sur un billot de bois. Ayant beaucoup bu, ils s’y reprennent parfois plusieurs fois, avec des temps d’arrêt, pour faire tomber un crâne.
Pour couvrir les cris des suppliciés et pour se donner du courage, les prisonniers en attente de ce traitement reprennent sans cesse L’Internationale
Retour au choixHaut de page

 
 
 
 
 
LA CHANSON de CRAONNE
 

Quand au bout d’huit jours le r’pos terminé
On va r’prendre les tranchées,
Notre place est si utile
Que sans nous on prend la pile
Mais c’est bien fini, on en a assez
Personn’ ne veut plus marcher
Et le cœur bien gros, comm’ dans un sanglot
On dit adieu aux civ’lots
Même sans tambours, même sans trompettes
On s’en va là-haut en baissant la tête
**
Refrain
Adieu la vie, adieu l'amour,
Adieu toutes les femmes.
C'est bien fini, c'est pour toujours,
De cette guerre infâme.
C'est à Craonne, sur le plateau,
Qu'on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
C'est nous les sacrifiés !

**
Huit jours de tranchée, huit jours de souffrance
Pourtant on a l’espérance
Que ce soir viendra la r’lève
Que nous attendons sans trêve
Soudain dans la nuit et le silence
On voit quelqu’un qui s’avance
C’est un officier de chasseurs à pied
Qui vient pour nous remplacer
Doucement dans l’ombre sous la pluie qui tombe
Les petits chasseurs vont chercher leurs tombes
**
Refrain
Adieu la vie, adieu l'amour,
Adieu toutes les femmes.
C'est bien fini, c'est pour toujours,
De cette guerre infâme.
C'est à Craonne, sur le plateau,
Qu'on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
C'est nous les sacrifiés !

**
C’est malheureux d’voir sur les grands boulevards
Tous ces gros qui font la foire
Si pour eux la vie est rose
Pour nous c’est pas la même chose
Au lieu d’se cacher tous ces embusqués
Feraient mieux d’monter aux tranchées
Pour défendre leur bien, car nous n’avons rien
Nous autres les pauv’ purotins
Tous les camarades sont enterrés là
Pour défendre les biens de ces messieurs là
**
Refrain
Ceux qu’ont le pognon, ceux-là reviendront
Car c’est pour eux qu’on crève
Mais c’est bien fini, car les trouffions
Vont tous se mettre en grève
Ce s’ra vot’ tour messieurs les gros
D’monter sur le plateau
Et si vous voulez faire la guerre
Payez-la de votre peau

Cliquez sur l'image du phono pour faire
démarrer la musique



Retour
Inspiré d’un air populaire intitulé Bonsoir m’amour (1911), la Chanson de Craonne a émergé des tranchées ignobles et des attaques suicidaires en 1915, 1916, 1917, 1918.
Reflet du climat psychologique régnant parmi une partie significative des poilus, cette chanson n’a pas d’auteur mais une dizaine de versions contenant des variantes plus ou moins importantes.
La première version connue s’intitulait La chanson de Lorette et faisait référence au plateau de Lorette Vimy où s’étaient déroulés en mai juin 1915 de violents combats durant l’offensive d’Artois de la 10ème armée.
Les unités françaises avaient progressé en certains endroits de quelques centaines de mètres et certains chefs y avaient acquis une popularité (dont le général Pétain, chef du 33ème corps) au prix de pertes effroyables : 2260 officiers et 100 240 soldats (dont 16 194 tués, 30 417 disparus, 63 619 blessés).
La plupart des vers de La Chanson de Lorette et de la Chanson de Craonne sont identiques ; cependant, la menace de grève aux armées n’apparaît pas encore.
En 1916, une version légèrement différente naît durant la terrible bataille de Verdun.
La Chanson intitulée, depuis longtemps, de Craonne connaît un temps fort autour de la bataille du Chemin des Dames (dont combats de Craonne) et des mutineries du printemps 1917.
A ce moment-là, L’Internationale reste le chant identitaire essentiel des opposants à la guerre (au moins à la guerre telle qu’elle se mène).
Cependant, les diverses versions issues de La Chanson de Lorette (appelée aussi Le plateau de Lorette) sont de plus en plus chantées.
Retour au choixHaut de page

 
 
 
 
 
MA BLONDE
 
***

Ma blonde, entends-tu dans la ville
Siffler les fabriques et les trains
Allons au devant de la vie
Allons au devant du matin

***
Refrain :
Debout ma blonde
Chantons au vent
Debout amie
Il va vers le soleil levant
Notre pays

***
Et nous saluerons la brigade
Et nous saluerons les amis
Mettons en commun camarades
Nos plans, nos travaux, nos soucis
***
Amie l’univers nous convie
Nos cœurs sont plus clairs que le jour
Allons au devant de la vie
Allons au devant de l’amour
***
La joie te réveille ma blonde
Allons nous unir à ce chœur
Marchons vers la gloire et le monde
Marchons au devant du bonheur
***
Dans leur triomphante allégresse
Les jeunes s’élancent en chantant
Bientôt une nouvelle jeunesse
Viendra au devant de nos rangs

Cliquez sur l'image du phono pour faire
démarrer la musique
Retour
Retour au choixHaut de page