Dame Trude
 
  
Il était une fois une petite fille extrêmement têtue et imprudente qui n'écoutait pas ses parents et qui n'obéissait pas quand ils lui avaient dit quelque chose. Pensez-vous que cela pouvait bien tourner ?  
Un jour, la fillette dit à ses parents : « J'ai tellement entendu parler de Dame Trude que je veux une fois aller chez elle : il paraît que c'est fantastique et qu'il y a tant de choses étranges dans sa maison, alors la curiosité me démange. »  
Les parents le lui défendirent rigoureusement et lui dirent : « Ecoute : Dame Trude est une mauvaise femme qui pratique toutes sortes de choses méchantes et impies ; si tu y vas, tu ne seras plus notre enfant ! »  
La fillette se moqua de la défense de ses parents et alla quand même là-bas. Quand elle arriva chez Dame Trude, la vieille lui demanda :  
- Pourquoi es-tu si pâle ?  
- Oh ! dit-elle en tremblant de tout son corps, c'est que j'ai eu si peur de ce que j'ai vu.  
- Et qu'est-ce que tu as vu ? demanda la vieille.  
- J'ai vu sur votre seuil un homme noir, dit la fillette.  
- C'était un charbonnier, dit la vieille.  
- Après, j'ai vu un homme vert, dit la fillette.  
- Un chasseur dans son uniforme, dit la vieille.  
- Après, j'ai vu un homme tout rouge de sang.  
- C'était un boucher, dit la vieille.  
- Ah ! Dame Trude, dans mon épouvante, j'ai regardé par la fenêtre chez vous, mais je ne vous ai pas vue : j'ai vu le Diable en personne avec une tête de feu.  
- Oho ! dit la vieille, ainsi tu as vu la sorcière dans toute sa splendeur ! Et cela, je l'attendais et je le désirais de toi depuis longtemps : maintenant tu vas me réjouir.  
  
Elle transforma la fillette en une grosse bûche qu'elle jeta au feu, et quand la bûche fut bien prise et en train de flamber, Dame Trude s'assit devant et s'y chauffa délicieusement en disant : « Oh ! le bon feu, comme il flambe bien clair pour une fois ! » 
 
 

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Doubloeil et ses soeurs
 
  
Il était une fois une femme qui avait trois filles. La première s'appelait Uniquoeil parce qu'elle n'avait qu'un oeil au milieu du front. La deuxième se nommait Doubloeil parce qu'elle avait deux yeux, comme tout le monde. Et la plus jeune s'appelait Triploeil parce qu'elle avait trois yeux, le troisième se trouvant chez elle aussi, au milieu du front.
Comme Doubloeil ressemblait à n'importe quel enfant des hommes, ses soeurs et sa mère ne pouvaient pas la souffrir. Elles lui dirent :
- Avec tes deux yeux, toi, tu ne vaux pas plus que le bas peuple. Tu n'es pas des nôtres.
Elles la bousculèrent, lui jetèrent de vieux vêtements et ne lui donnèrent plus rien à manger, sinon des restes. Elles lui firent toutes les misères possibles.
Il advint que Doubloeil dut aller aux champs pour y garder la chèvre. Elle avait très faim. Ses soeurs ne lui avaient presque rien donné à manger. Elle s'assit dans l'herbe et se mit à pleurer si fort que deux petits ruisseaux sortaient de ses yeux. Et comme elle regardait par hasard devant elle tout en gémissant, elle vit qu'une vieille femme se tenait à ses côtés. Celle-ci lui demanda :
- Doubloeil, pourquoi pleures-tu ?
Elle répondit :
- Comment ne pas pleurer ? Parce que j'ai deux yeux comme tout le monde, mes soeurs et ma mère ne peuvent me souffrir, me bousculent d'un coin dans un autre, m'habillent de vieilles nippes et ne me donnent à manger que des restes. Aujourd'hui, elles m'ont donné si peu que j'ai encore très faim.
Alors la fée lui dit :
- Doubloeil, sèche tes larmes. je vais t'apprendre le moyen de n'avoir plus jamais faim. Tu n'auras qu'à dire à ta chèvre :
- Chèvre, fais beh !
Table se met,
et une table avec son couvert se trouvera devant toi avec un magnifique repas. Tu pourras manger autant que tu voudras. Et quand tu en auras assez et que tu n'auras plus besoin de la table tu diras :
- Chèvre, fais beh !
Table disparais !
et elle disparaîtra de ta vue.
Sur quoi la fée s'en alla. Doubloeil se dit : « Il faut que j'essaye tout de suite pour voir si ce qu'elle a dit est vrai. J'ai vraiment faim. »
Elle dit :
- Chèvre, fais beh !
Table se met,
Et à peine eut-elle prononcé ces mots qu'une petite table apparaissait devant elle, couverte d'une nappe blanche, avec une assiette, un couteau, une fourchette et une cuillère d'argent. Tout autour, il y avait les mets les plus délicats, fumant encore comme s'ils sortaient de la cuisine. Alors, Doubloeil dit la plus courte prière qu'elle connût :
- Seigneur Dieu, sois notre hôte pour l'éternité. Amen.
Elle se servit et l'appétit ne lui manqua pas. Quand elle fut rassasiée, elle dit, comme la fée le lui avait enseigné :
- Chèvre, fais beh !
Table, disparais !
Aussitôt, la table et tout ce qu'il y avait dessus, disparurent. « Voilà un ménage vite fait ! » se dit Doubloeil satisfaite et de bonne humeur.
Le soir, quand elle rentra à la maison avec sa chèvre, elle trouva sa méchante gamelle avec la pitance que lui avaient laissée ses soeurs. Elle n'y toucha pas. Le lendemain, elle reprit le chemin des champs avec sa chèvre sans manger les miettes qu'on lui avait données. Tout d'abord, ses soeurs ne s'aperçurent pas de son manège. Mais comme il en fut ainsi tous les jours, elles finirent par le remarquer et dirent :
- Quelque chose ne va pas. Chaque jour, Doubloeil laisse son repas alors qu'autrefois elle mangeait tout ce qu'on lui donnait. Elle a dû trouver quelque autre moyen de se nourrir.
Pour découvrir la vérité, Uniquoeil fut chargée d'accompagner sa soeur aux champs, d'observer ce qui s y passait et de voir si quelqu'un lui apportait à manger et à boire.
Au matin, quand Doubloeil se leva, Uniquoeil vint vers elle et lui dit :
- Je vais aller aux champs avec toi pour voir si tu gardes bien la chèvre et si tu la conduis où elle trouve à manger.
Doubloeil se douta bien des intentions de sa soeur. Elle conduisit la chèvre au milieu des hautes herbes et dit :
- Viens t'asseoir, Uniquoeil, je vais te chanter une chanson.
Uniquoeil s'assit. Elle était fatiguée d'avoir fait un long chemin auquel elle n'était pas habituée et le soleil tapait fort. Doubloeil chanta :
- Uniquoeil, veilles-tu ?
Uniquoeil, dors-tu ?
Les paupières d'Uniquoeil s'alourdirent et elle s'endormit. Quand Doubloeil vit qu'elle était plongée dans un profond sommeil et qu'elle ne pourrait la dénoncer, elle dit :
- Chèvre, fais beh !
Table se met,
et s'assit devant sa petite table, mangea et but tout son content. Puis elle dit :
- Chèvre, fais beh !
Table, disparais !
et en un clin d'oeil tout disparut. Doubloeil réveilla Uniquoeil et lui dit :
- Uniquoeil, tu voulais garder la chèvre et voilà que tu dors. Pendant ce temps, notre bête aurait pu s'enfuir n'importe où. Viens, nous allons rentrer à la maison !
Elles s'en allèrent donc et Doubloeil ne toucha pas plus à sa gamelle que d'habitude. Uniquoeil était bien incapable d'expliquer à sa mère pourquoi sa soeur ne voulait pas manger. En guise d'excuses, elle dit :
- Je me suis endormie.
Le lendemain, la mère dit à Triploeil :
- À ton tour de l'accompagner et d'observer si Doubloeil mange dans les champs et si quelqu'un lui apporte nourriture et boisson. Il ne fait aucun doute qu'elle mange et boit en secret.
Triploeil alla trouver Doubloeil et lui dit :
- Je vais aller avec toi pour voir si la chèvre est bien gardée et si tu la conduis là où elle trouve du fourrage.
Doubloeil se douta bien de ce qu'elle avait derrière la tête. Elle conduisit la chèvre au milieu des hautes herbes et dit :
- Nous allons nous asseoir, Triploeil, et je vais te chanter une chanson.
Triploeil s'assit. Le chemin et la chaleur l'avaient fatiguée. Doubloeil reprit la chanson comme la fois précédente et chanta :
- Triploeil, veilles-tu ?
mais au lieu de poursuivre :
- Triploeil, dors-tu ?
Elle chanta par inattention :
- Doubloeil, dors-tu ?
et sans cesse elle répéta :
- Triploeil, veilles-tu ?
Doubloeil, dors-tu ?
Deux des yeux de Triploeil se fermèrent et s'endormirent ; mais le troisième, que la chanson n'avait pas touché, ne s'endormit pas. Triploeil le fermait bien, mais c'était par ruse ; elle observait tout entre ses paupières. Quand Doubloeil crut que Triploeil était bien endormie elle dit :
- Chèvre, fais beh !
Table se met,
Elle mangea et but de bon coeur et fit disparaître la petite table :
- Chèvre, fais beh !
Table, disparais !
Triploeil avait tout vu. Doubloeil s'approcha d'elle, la réveilla et lui dit :
- Eh ! Triploeil, tu t'étais endormie ! Tu fais vraiment bonne garde ! Viens, nous allons rentrer !
Quand elles arrivèrent à la maison, Doubloeil ne mangea pas plus que les autres fois et Triploeil dit à sa mère :
- Je sais maintenant pourquoi cette orgueilleuse ne mange pas ! Quand, aux champs, elle dit à la chèvre :
- Chèvre, fais beh !
Table se met.
une petite table apparaît devant elle, avec le meilleur des repas, bien meilleur que celui que nous avons ici. Et quand elle est rassasiée, elle dit :
- Chèvre, fais beh !
Table, disparais !
et il n'y a plus rien. J'ai tout vu. Elle m'avait endormi deux yeux mais, par bonheur, le troisième, celui du front, était resté éveillé !
Alors la mère jalouse s'écria :
- Elle veut vivre mieux que nous ! Nous allons lui en faire passer le goût !
Elle prit un couteau de boucher et le plongea dans le coeur de la chèvre qui mourut.
Quand Doubloeil vit cela, elle sortit pleine de chagrin de la maison, s'assit dans l'herbe et pleura des larmes amères. Tout à coup, la fée se tint de nouveau devant elle, disant :
- Doubloeil, pourquoi pleures-tu ?
- Comment faire pour ne pas pleurer ! répondit-elle. La chèvre qui, chaque jour, lorsque je lui disais les mots que vous m'aviez enseignés, me servait un si bon repas, a été tuée par ma mère. je vais de nouveau souffrir de la faim.
La fée lui répondit :
- Doubloeil, je vais te donner un bon conseil : demande à tes soeurs qu'elles te remettent les entrailles de la chèvre et enterre-les devant la porte de la maison. Cela te portera chance.
La fée disparut et, rentrée à la maison, Doubloeil dit à ses soeurs :
- Chères soeurs, donnez-moi quelque chose de ma chèvre : je ne demande rien de bon, seulement les entrailles.
Doubloeil prit les entrailles et, sans bruit, elle les enterra devant la porte de la maison selon le conseil de la fée.
Le lendemain, quand elles s'éveillèrent et voulurent sortir de la maison, elles virent un arbre magnifique qui avait poussé devant la porte. Ses feuilles étaient d'argent, des fruits d'or y pendaient. Rien n'existait de plus beau et de plus coûteux dans le vaste monde. Mais seule Doubloeil comprit que l'arbre avait poussé des entrailles de la chèvre, car il se trouvait tout juste à l'endroit où elle les avait enterrées. La mère dit à Uniquoeil :
- Monte dans l'arbre, mon enfant, et cueille-nous-en les fruits.
Uniquoeil grimpa, mais quand elle voulut saisir l'un des fruits d'or, le rameau sur lequel il avait poussé lui échappa. Il en fut ainsi à chaque tentative et elle ne parvint à cueillir aucune des pommes d'or, quelle que fût la façon dont elle s'y prenait. La mère dit alors :
- À toi de monter, Triploeil ! avec tes trois yeux, tu verras mieux autour de toi que ta soeur.
Uniquoeil descendit de l'arbre et Triploeil y grimpa. Mais malgré sa bonne vue, elle n'eut pas plus de succès que sa soeur : les pommes d'or lui échappaient également. À la fin, la mère s'impatienta et monta elle-même dans l'arbre. Mais pas plus qu'Uniquoeil ou que Triploeil, elle ne put attraper les fruits. À chaque essai, elle ne saisissait que le vide. Alors Doubloeil dit :
- Je vais monter à mon tour. Peut-être réussirai-je ?
Ses soeurs eurent beau dire : "Toi, avec tes deux yeux, tu veux rire ! " elle était déjà dans l'arbre et les pommes d'or, au lieu de la fuir, venaient d'elles-mêmes dans sa main. Elle les cueillit les unes après les autres et redescendit de l'arbre, son tablier plein de fruits. Sa mère les lui prit, et au lieu d'être mieux traitée après cela par Uniquoeil et Triploeil, elle ne connut que leur jalousie et plus de dureté encore.
Comme elles se trouvaient un jour au pied de l'arbre, elles virent arriver un jeune cavalier.
- Vite, Doubloeil, crièrent ses deux soeurs, descends de l'arbre pour que nous n'ayons pas à avoir honte de toi.
Elles enfermèrent en toute hâte la pauvre Doubloeil sous un tonneau retourné, qui se trouvait justement là et y cachèrent également les pommes d'or que leur soeur avait cueillies. Quand le cavalier fut arrivé tout près, on vit qu'il s'agissait d'un seigneur, fort bel homme. Il s'arrêta, admira le magnifique arbre d'argent et d'or et dit aux deux jeunes filles :
- À qui appartient ce bel arbre ? Celle qui m'en donnera un rameau pourra me demander ce qu'elle voudra.
Uniquoeil et Triploeil répondirent que l'arbre leur appartenait et qu'elles lui en donneraient volontiers une petite branche. Mais elles eurent beau se donner beaucoup de peine, elles n'y parvinrent pas. Les branches, comme les pommes, s'écartaient d'elles. Alors le cavalier dit :
- Voilà qui est étonnant. L'arbre vous appartient et vous êtes incapables d'y cueillir quelque chose.
Elles maintinrent que l'arbre était à elles. Comme elles disaient cela, Doubloeil fit rouler de dessous le tonneau quelques pommes d'or : de sorte qu'elles se dirigèrent vers les pieds du cavalier ; car Doubloeil était en colère de voir que ses soeurs ne disaient pas la vérité. Quand le seigneur vit les fruits, il s'étonna et demanda d'où ils venaient. Uniquoeil et Triploeil répondirent qu'elles avaient bien une troisième soeur, mais qu'elles n'osaient pas la montrer car elle ne possédait que deux yeux comme les gens ordinaires. Le cavalier, cependant, exigea de la voir et cria :
- Doubloeil, montre-toi !
Doubloeil, pleine de confiance, sortit de sous le tonneau et le cavalier fut rempli d'admiration devant sa beauté. Il dit :
- Toi, Doubloeil, tu pourras certainement briser pour moi une branche de l'arbre.
- Oui, répondit Doubloeil, je puis le faire, car l'arbre m'appartient.
Elle grimpa dans l'arbre et, sans peine, brisa un rameau couvert de fines feuilles d'argent et de fruits d'or pour l'offrir au cavalier. Alors celui-ci lui dit :
- Que veux- tu en échange, Doubloeil ?
- Ah ! répondit Doubloeil, je souffre de la faim et de la soif, du chagrin et de la misère, du matin jusqu'au soir. Si vous pouviez m'emmener et me donner la liberté, je serais heureuse.
Le cavalier la souleva de terre, la posa sur son cheval et l'emmena au château de son père. Il lui donna de beaux habits, à manger et à boire. Et, comme il l'aimait tendrement, il fit bénir leur union et les noces furent célébrées au milieu d'une grande joie.
Quand Doubloeil avait été emmenée par le beau cavalier, ses deux soeurs avaient été jalouses de son bonheur. « Mais de toute façon, l'arbre merveilleux nous reste », songeaient-elles. Même si nous ne pouvons en cueillir aucun fruit, le monde ne s'en arrêtera pas moins devant lui et viendra chez nous pour dire son admiration. Qui sait quelle chance cela nous donnera ? » Mais, le lendemain matin, l'arbre avait disparu et leur espoir avec lui. Quand Doubloeil, au contraire, regarda par sa fenêtre, elle l'aperçut et fut remplie de joie. Il l'avait suivie.
 
 

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Elsa la futée
 
  
Il était un homme qui avait une fille nommée Elsa la futée. Quand elle fut devenue grande, il dit :
- Nous allons la marier.
- Oui, dit la mère, si seulement quelqu'un voulait d'elle !
De loin, on vit arriver un gars qui s'appelait Jeannot et qui lui faisait la cour. Il voulait bien l'épouser, mais à une condition : qu'Elsa la futée fût vraiment intelligente.
- Oh ! dit le père ; elle en a dans la cervelle !
Et la mère ajouta :
- Elle voit le vent et entend les mouches tousser.
- Si elle n'est pas vraiment intelligente, je ne la prendrai pas, dit Jeannot.
Après avoir mangé, comme ils étaient encore à table, la mère dit :
- Elsa, va à la cave chercher de la bière.
Elsa la futée prit la cruche qui pendait au mur et descendit à la cave, tout en faisant claquer le couvercle du pot pour trouver le temps moins long. Quand elle y fut arrivée, elle prit un tabouret et l'installa devant le tonneau pour ne pas être obligée de se courber, de se faire mal au dos et de tomber peut-être malade. Puis elle plaça la cruche devant elle et ouvrit le robinet. Pendant que la bière coulait, ne voulant pas laisser ses yeux à rien faire, elle regarda le mur d'en face et aperçut, au bout d'un certain temps, une pioche qu'un maçon avait laissée là par inadvertance. Elsa la futée se mit à pleurer, disant :
- Si j'épouse Jeannot et si nous avons un enfant, quand il sera assez grand pour que nous l'envoyions à la cave, y tirer de la bière, la pioche tombera sur sa tête et le tuera.
Elle restait là à pleurer, gémissant sur ce malheur à venir. En haut, les autres attendaient la bière, mais Elsa la futée n'arrivait pas. Sa mère dit à la servante :
- Va donc voir à la cave ce que devient Elsa.
La servante y alla et trouva Elsa assise devant le tonneau, pleurant et criant à tue-tête.
- Pourquoi pleures-tu ? Lui demanda-t-elle.
- Ah ! répondit-elle, comment ne pleurerais-je pas ? Si j'épouse Jeannot et si nous avons un enfant, quand il sera grand et que nous l'enverrons ici tirer de la bière, cette pioche lui tombera peut-être sur la tête et il en mourra.
- Que notre Elsa est futée, dit la bonne.
Et elle s'assit auprès d'elle et se mit à pleurer, à son tour, sur le malheur annoncé.
Au bout d'un certain temps, comme la servante ne revenait pas et que les autres avaient de plus en plus soif, le père dit au valet :
- Va donc voir à la cave ce que deviennent Elsa et la bonne.
Le valet s'y rendit. Il les vit toutes deux pleurant.
- Pourquoi ces larmes? Leur demanda-t-il.
- Ah ! dit Elsa, comment ne pleurerais-je pas ? Si j'épouse Jeannot et si nous avons un enfant, quand il sera grand et que nous l'enverrons ici tirer de la bière, la pioche lui tombera sur la tête et le tuera.
Le valet dit alors :
- Que notre Elsa est futée.
Il s'assit à côté des deux femmes et se mit à hurler de chagrin.
En haut, on attendait le valet. Mais comme il ne revenait pas plus que les autres, le père dit à sa femme :
- Va donc voir à la cave ce que devient Elsa.
La femme y alla et les vit tous les trois qui gémissaient. Elle leur en demanda la raison. Elsa lui expliqua que son futur enfant serait certainement tué par la pioche qui tomberait sur lui, quand il serait assez grand pour qu'on l'envoyât chercher de la bière. Et comme les autres, la mère dit :
- Ah ! que notre Elsa est futée !
Elle s'assit et pleura avec eux.
En haut, le père attendit encore un moment. Ne voyant pas sa femme revenir et sa soif devenant de plus en plus grande, il dit :
- Il va falloir que j'aille moi-même à la cave pour voir ce que devient Elsa.
Quand il y arriva, et qu'il les vit tous assis là à pleurer, quand il apprit que l'enfant d'Elsa pourrait être tué par la pioche au moment où il viendrait tirer de la bière, il s'écria :
- Que notre Elsa est futée ! s'assit et pleura avec les autres.
Le fiancé resta seul longtemps. Comme personne ne revenait, il se dit : « Ils doivent m'attendre en bas. Il faut que j'y aille pour voir ce qui se passe ». Quand il arriva à la cave, les cinq étaient assis là qui pleuraient et gémissaient pitoyablement, l'un plus fort que l'autre.
- Quel malheur est-il donc arrivé ? demanda-t-il.
- Ah ! mon cher Jeannot, dit Elsa ; si nous nous marions ensemble et si nous avons un enfant, quand il sera grand et que nous l'enverrons peut-être ici pour tirer de la bière, cette pioche qui est restée là-haut pourra lui casser la tête, si elle lui tombe dessus. N'y a-t-il pas de quoi pleurer ?
- Non, répondit Jeannot.
- Tant d'intelligence me suffit. Puisque tu es si futée, je t'épouserai.
Et il la prit par la main, la conduisit dans la maison et ils se marièrent.
Au bout de quelque temps, Jeannot lui dit :
- Femme, je vais partir pour travailler et gagner de l'argent. Va au champ et coupe les blés pour que nous ayons du pain.
- Je le ferai, mon cher Jeannot. Quand son mari fut parti, elle se prépara une bonne bouillie et partit pour les champs. Une fois arrivée, elle se dit à elle-même : « Que dois-je faire ? Couper d'abord ou manger d'abord ? Je vais commencer par manger. » Elle vida son pot de bouillie et quand elle fut rassasiée, elle se dit encore : « Que vais-je faire ? Couper d'abord ou dormir d'abord ? Dormons d'abord ! » Elle s'allongea dans les blés et s'endormit. Jeannot était depuis longtemps rentré à la maison et Elsa n'était toujours pas là. Il se dit : « Qu'est-ce que mon Elsa est futée ! Elle est si travailleuse qu'elle ne revient même pas à la maison pour manger. » Comme elle ne rentrait toujours pas et que le soir tombait, Jeannot partit à sa rencontre pour voir combien de blé elle avait coupé. Mais il n'y avait rien de coupé du tout, et Elsa dormait au milieu du champ. Jeannot se hâta de rentrer à la maison, prit un filet à oiseaux avec des petites clochettes, et alla l'en recouvrir. Elle dormait toujours. Il repartit chez lui, verrouilla la por
te, s'assit sur une chaise et travailla.
Finalement, comme il faisait déjà nuit, Elsa la futée s'éveilla. Quand elle se leva, elle entendit un bruissement autour d'elle et des clochettes se mirent à tinter à chaque pas qu'elle faisait. Elle prit peur et se demanda si elle était vraiment Elsa la futée. « Le suis-je ou ne le suis-je pas ? » se demanda-t-elle. Mais elle ne savait quelle réponse donner à sa propre question et resta un moment à hésiter. Finalement, elle se dit : « je vais aller à la maison et je demanderai si je le suis ou si je ne le suis pas. On verra bien. »
Elle courut vers sa porte, mais celle-ci était fermée. Elle frappa à la fenêtre et cria :
- Jeannot, Elsa est-elle là ?
- Oui, répondit Jeannot, elle est là.
Elsa s'effraya et reprit :
- Seigneur Dieu, c'est que je ne suis pas Elsa.
Et elle alla à une autre porte. Mais les gens, qui entendaient tinter les clochettes, ne voulurent pas ouvrir et personne ne la laissa entrer. Elle quitta le village et, depuis, on n'en a plus entendu parler.
 
 

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Fernand loyal et Fernand déloyal
 
  
Il était une fois un mari et une femme qui n'avaient jamais eu d'enfant, du temps qu'ils étaient riches, mais qui eurent un petit garçon quand ils furent tombés dans la pauvreté. Comme ils ne parvenaient pas à trouver de parrain dans leur village, à cause de leur grande pauvreté, le mari déclara qu'il irait ailleurs en chercher un. Il se mit en chemin et rencontra un pauvre, qui lui demanda où il allait.
- Je m'en vais essayer de trouver un parrain pour baptiser mon fils, parce que je suis si pauvre que personne ne veut accepter parmi les gens que je connais !
- Pauvre vous êtes et pauvre je suis, dit l'homme. Je veux bien être le parrain. Mais je suis trop pauvre pour donner le moindre cadeau à l'enfant. Rentrez donc et dites à la sage-femme qu'elle porte l'enfant à l'église.
Lorsqu'ils arrivèrent à l'église pour le baptême, le mendiant s'y trouvait déjà, à les attendre, et il donna à l'enfant le nom de Fernand-Loyal. Après la cérémonie, au sortir de l'église, le mendiant leur dit :
- Rentrez chez vous maintenant. Comme je ne peux rien vous donner, vous ne devez rien me donner non plus.
Mais la sage-femme s'approcha de lui et lui remit une clef, en lui disant de la remettre au père, une fois à la maison, pour qu'il la garde jusqu'au moment que son fils serait âgé de quatorze ans. Alors, l'enfant devrait aller sur la lande, où il y aurait un château dont la clef ouvrirait la porte : tout ce qu'il y aurait à l'intérieur du château serait à lui. Ce fut ainsi pour le baptême de l'enfant.
Le garçonnet avait grandi et atteint ses sept ans, quand un jour, s'amusant avec d'autres enfants, il les entendit se vanter des cadeaux, tous plus beaux les uns que les autres, qu'ils avaient reçus de leurs parrains. Mais lui, qui n'avait rien eu, fondit en larmes et revint à la maison, où il dit à son père :
- Est-ce que je n'ai vraiment rien reçu de mon parrain, moi ?
- Mais si, lui répondit son père, il t'a donné une clef; et quand il y aura un château sur la lande, tu pourras y entrer avec ta clef.
L'enfant y courut, mais la lande n'était que la lande et il n'y vit pas l'ombre du moindre semblant de château. Mais quand il y retourna sept ans plus tard, âgé alors de quatorze ans, il y vit bel et bien un château. Sa clef lui en ouvrit la porte et il le visita sans y rien trouver, sauf un cheval, un jeune cheval blanc. Fou de joie de posséder un cheval, le jeune garçon le monta et galopa chez son père.
- A présent que j'ai un cheval blanc, lui dit-il, je veux aussi voyager !
Rien ne put le retenir, et il partit. En cours de route, il vit, par terre, une plume d'oie taillée pour écrire; et sa première idée fut de la ramasser. Mais il se dit : « Bah ! tu peux bien la laisser où elle est! Où que tu ailles, tu trouveras toujours une plume pour écrire, si tu en demandes une » Comme il s'éloignait, voilà qu'une voix lui crie de derrière : « Fernand-Loyal, emmène-moi avec toi » Il se retourne et ne voit personne ; alors il revient sur ses pas et descend ramasser la plume. Un peu plus loin, il lui fallait passer à gué une rivière, et comme il arrivait au bord, il y avait là un petit poisson sur le sec, qui ouvrait une large bouche en suffoquant. « Attends, mon petit poisson, je vais te remettre à l'eau ! » lui dit-il. Il saute à terre, prend le petit poisson par la queue, et hop ! il le rejette à l'eau. Le poisson sort sa petite tête hors de l'eau, pour lui dire :
- Tu m'as secouru dans le besoin, alors moi je vais te donner un pipeau ; et si jamais tu es dans le besoin, tu n'auras qu'à souffler dedans et je viendrai à ton secours ; et si jamais il t'arrivait de perdre quelque chose dans l'eau, souffle dans ton pipeau et je te rendrai ce que tu auras perdu.
Sa petite flûte en poche, il chevauche plus loin et vit venir à sa rencontre un jeune gaillard qui engagea la conversation et qui l'interrogea sur sa destination.
- Oh ! je ne vais qu'au prochain bourg !
L'autre lui demanda alors comment il s'appelait.
- Fernand-Loyal, répondit-il.
- Tiens, fit l'autre, mais alors nous avons presque le même nom : je me nomme Fernand-Déloyal.
Et ils descendirent tous deux ensemble dans la prochaine auberge. Le grave, c'était que ce Fernand-Déloyal savait tout ce que l'autre Fernand pensait et voulait faire, et cela parce qu'il pratiquait diverses sortes de sorcelleries et autres maléfices. Or, dans cette auberge, il y avait une jeune servante très jolie, pure de traits et gracieuse de corps, qui s'était éprise de Fernand-Loyal : elle l'avait aimé tout de suite, parce qu'il était fort joli garçon, lui aussi. Elle s'inquiéta donc de savoir où il comptait aller, et il lui répondit qu'il voulait seulement voir un peu de pays, sans avoir de but bien précis. Pourquoi ne resterait-il pas un peu sur place ? lui demanda-t-elle. Il y aurait sûrement pour lui un emploi à la cour du roi, qui serait content de l'avoir comme serviteur ou comme piqueur. Il devrait bien essayer de se faire engager. Sa réponse fut qu'il ne pouvait guère aller lui-même se présenter pour offrir ses services.
- Oh ! mais cela, je peux bien le faire ! s'exclama la jeune fille, qui se rendit immédiatement chez le roi pour lui dire qu'elle connaissait quelqu'un de très bien, un garçon charmant qu'il pourrait prendre à son service.
Le roi s'en montra content et le fit venir, lui disant qu'il le prendrait comme valet ; mais Fernand-Loyal préférait être piqueur pour ne pas quitter son cheval, et le roi l'engagea comme piqueur.
Lorsqu'il apprit la chose, Fernand-Déloyal se plaignit à la servante :
- Alors, tu t'occupes de lui et tu ne fais rien pour moi ?
- Oh ! répondit-elle bien vite, je ferai volontiers la même chose pour vous !
Mais c'était uniquement pour ne pas l'indisposer contre elle, car elle pensait : « Celui-là, il vaut mieux se le concilier et l'avoir comme ami, parce qu'on ne sait jamais ; il ne m'inspire pas confiance ! » Elle retourna donc le recommander au roi comme serviteur, et le roi l'engagea comme valet.
Chaque matin, quand le valet venait habiller maître, Sa Majesté recommençait les mêmes doléances: «Ah! si je pouvais enfin avoir ma bien-aimée avec moi ! Que n'est-elle ici, celle que j'aime ! » Et comme Fernand-Déloyal ne voulait que du mal à l'autre Fernand, un beau matin, après avoir de nouveau entendu les plaintes du roi, il en profita pour lui dire : « Mais vous avez un piqueur, Majesté! Vous n'avez qu'à l'envoyer pour la chercher ; et s'il ne vous la ramène pas, que sa tête roule à ses pieds ! » Le roi trouva le conseil judicieux, fit appeler Fernand-Loyal et lui apprit qu'il y avait, à tel et tel endroit du monde, une princesse qu'il aimait. « Tu iras l'enlever, sinon tu mourras ! » lui ordonna-t-il.
Fernand-Loyal gagna l'écurie où était son cheval, et il pleurait et se lamentait :
- Pauvre de moi ! Malheureux que je suis ! Quel destin !
- Fernand-Loyal, qu'as-tu à pleurer ? fit une voix derrière lui.
Il se retourne, ne voit personne et se désole plus que jamais :
- Oh ! mon cher cheval blanc, quel malheur ! Il faut que nous nous séparions maintenant, parce que je vais mourir ! Adieu...
- Fernand-Loyal, pourquoi pleures-tu ? demande à nouveau la voix.
Et c'est alors seulement qu'il se rend compte que c'est son cheval blanc, et nul autre que lui, qui lui pose la question.
- Comment ? C'est toi qui disais cela, mon cher petit cheval ? Tu sais parler ? s’exclama-t-il d'abord.
Puis il ajouta :
- Il faut que j'aille là et là, que j'enlève et ramène la fiancée. Mais comment veux-tu que je fasse cela ?
- Retourne trouver le roi, répondit le cheval blanc, et dis-lui que s'il veut te donner ce que tu attends de lui, tu lui ramèneras sa bien-aimée. Mais il te faut un navire entièrement chargé de viande, et un autre navire entièrement chargé de pain pour y parvenir ; car tu auras affaire à de terribles géants sur la mer, et si tu n'as pas de viande à leur donner, c'est toi qu'ils dévoreront ; et il y aura aussi de féroces animaux pour t'arracher les yeux à coups de bec, si tu n'as pas de pain à leur donner.
Le roi mit tous les bouchers du royaume à l'abattage de la viande et tous les boulangers du royaume à la cuisson du pain jusqu'au chargement complet de chaque navire. Quand ils furent prêts, le cheval blanc dit à Fernand-Loyal :
- Maintenant, monte en selle et conduis-moi sur le bateau. Lorsque arriveront les géants, tu diras :
Mes chers gentils géants, tout doux, tout doux !
J'ai bien pensé à vous
Et j'ai à bord quelque chose pour vous.
Lorsque ensuite viendront les oiseaux, de nouveau tu diras :
Mes chers petits oiseaux, tout doux, tout doux !
J'ai bien pensé à vous
Et j'ai à bord quelque chose pour vous.
Alors ils ne te feront pas de mal, et même les géants t'aideront lorsque tu parviendras au château. Et quand tu y entreras, tu te feras accompagner par quelques géants, car la princesse y sera couchée et dormira ; toi, tu ne dois pas la réveiller, mais les géants l'emporteront dans son lit pour revenir la déposer sur le bateau.
(Tout se passa exactement comme l'avait dit le cheval blanc : Fernand donna aux géants et aux oiseaux ce qu'il avait pour eux, et les géants amadoués lui prêtèrent main-forte, portèrent la princesse endormie de son château sur le bateau, et de là jusque devant le roi.) Mais quand elle se trouva en présence du roi, elle déclara ne pouvoir vivre chez lui, parce qu'elle avait besoin de ses écrits, restés là-bas dans son château. Sur l'instigation de Fernand-Déloyal, Fernand-Loyal dut revenir devant le roi, qui lui signifia de partir à nouveau à la recherche de ces papiers, sous peine de mort.
Désespéré, il s'en revint à l'écurie auprès du cheval blanc : « 0 mon cher petit cheval, voilà qu'il me faut refaire le voyage à présent ! Comment vais-je y parvenir ? » Le cheval blanc lui dit qu'on devait de nouveau lui faire le chargement des navires, et tout alla aussi bien que la première fois, quand les géants et les oiseaux furent gavés. En approchant du château, le cheval blanc lui dit qu'il devait entrer et qu'il trouverait les écrits sur la table, dans la chambre à coucher de la princesse. Il y alla, les trouva sans difficulté et les emporta. Mais quand ils furent repartis au large, Fernand-Loyal laissa échapper sa plume qui tomba à l'eau, et son cheval dut lui avouer qu'il ne pouvait rien pour lui en pareille occurrence. Fernand-Loyal tira son pipeau et se mit à en jouer ; alors le poisson arriva, tenant dans sa gueule la plume d'oie, qu'il lui restitua. Il put alors rapporter les écrits au château, où le mariage avait été célébré durant son voyage.
La reine, qui n'aimait pas du tout le roi parce qu'il n'avait pas de nez, eût bien aimé, par contre, avoir Fernand-Loyal comme époux ; et un jour, devant tous les seigneurs de la cour, elle annonça qu'elle connaissait des tours de magie et qu'elle pouvait, par exemple, décapiter quelqu'un et lui remettre sa tête en place, comme si de rien n'était. Quelqu'un voulait-il essayer ? Il lui fallait un volontaire. Mais il n'y eut personne qui voulût être le premier ; une fois de plus, sur la suggestion de Fernand-Déloyal, ce fut Fernand-Loyal qui fut désigné et qui dut se soumettre. La reine lui coupa la tête, la replaça sur son cou, où elle fut instantanément ressoudée et guérie, avec seulement une petite marque comme un fil rouge sur la peau du cou.
- Comment, tu as appris ces choses, mon enfant ? s'étonna le roi.
- Mais oui, dit la reine, je connais les secrets de cet art. Veux-tu que je le fasse avec toi ?
- Bien sûr ! dit le roi.
Alors, elle le décapita; mais quand la tête fut tombée, elle ne la lui remit pas en place et feignit de ne pas pouvoir y parvenir, comme si c'était la tête qui ne voulait pas se rattacher et se tenir à sa place. Et quand le roi eut été mis au tombeau, elle épousa Fernand-Loyal.
Devenu roi, Fernand-Loyal ne voulait pas d'autre monture que son cher cheval blanc, et un jour qu'il le chevauchait dans la campagne, le cheval lui dit d'aller dans un certain pré, qu'il lui indiqua, et d'en faire trois fois le tour au triple galop. Lorsqu'ils l'eurent fait, le cheval blanc se mit debout sur ses pattes de derrière et cessa d'être un cheval pour devenir un fils de roi.
 
 

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