1929-1978 |
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Les Vieux
Paroles et Musique: J. Brel / G. Jouannest,
J.Corti 1963
Les vieux ne parlent
plus ou alors seulement parfois du bout des yeux
Même riches
ils sont pauvres, ils n'ont plus d'illusions et n'ont qu'un cœur pour deux
Chez eux ça
sent le thym, le propre, la lavande et le verbe d'antan
Que l'on vive à
Paris on vit tous en province quand on vit trop longtemps
Est-ce d'avoir trop
ri que leur voix se lézarde quand ils parlent d'hier
Et d'avoir trop pleuré
que des larmes encore leur perlent aux paupières
Et s'ils tremblent
un peu est-ce de voir vieillir la pendule d'argent
Qui ronronne au salon,
qui dit oui qui dit non, qui dit : je vous attends
Les vieux ne rêvent
plus, leurs livres s'ensommeillent, leurs pianos sont fermés
Le petit chat est
mort, le muscat du dimanche ne les fait plus chanter
Les vieux ne bougent
plus leurs gestes ont trop de rides leur monde est trop petit
Du lit à la
fenêtre, puis du lit au fauteuil et puis du lit au lit
Et s'ils sortent encore
bras dessus bras dessous tout habillés de raide
C'est pour suivre
au soleil l'enterrement d'un plus vieux, l'enterrement d'une plus laide
Et le temps d'un sanglot,
oublier toute une heure la pendule d'argent
Qui ronronne au salon,
qui dit oui qui dit non, et puis qui les attend
Les vieux ne meurent
pas, ils s'endorment un jour et dorment trop longtemps
Ils se tiennent par
la main, ils ont peur de se perdre et se perdent pourtant
Et l'autre reste là,
le meilleur ou le pire, le doux ou le sévère
Cela n'importe pas,
celui des deux qui reste se retrouve en enfer
Vous le verrez peut-être,
vous la verrez parfois en pluie et en chagrin
Traverser le présent
en s'excusant déjà de n'être pas plus loin
Et fuir devant vous
une dernière fois la pendule d'argent
Qui ronronne au salon,
qui dit oui qui dit non, qui leur dit : je t'attends
Qui ronronne au salon,
qui dit oui qui dit non et puis qui nous attend.
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