1929-1978 |
Ces Gens Là
Paroles et Musique: J. Brel 1966
D'abord il y a l'aîné
Lui qui est comme
un melon
Lui qui a un gros
nez
Lui qui sait plus
son nom
Monsieur tellement
qui boit
Ou tellement qu'il
a bu
Qui fait rien de ses
dix doigts
Mais lui qui n'en
peut plus
Lui qui est complètement
cuit
Et qui se prend pour
le roi
Qui se saoule toutes
les nuits
Avec du mauvais vin
Mais qu'on retrouve
matin
Dans l'église
qui roupille
Raide comme une saillie
Blanc comme un cierge
de Pâques
Et puis qui balbutie
Et qui a l'il qui
divague
Faut vous dire Monsieur
Que chez ces gens-là
On ne pense pas Monsieur
On ne pense pas on
prie
Et puis, il y a l'autre
Des carottes dans
les cheveux
Qu'a jamais vu un
peigne
Ouest méchant
comme une teigne
Même qu'il donnerait
sa chemise
A des pauvres gens
heureux
Qui a marié
la Denise
Une fille de la ville
Enfin d'une autre
ville
Et que c'est pas fini
Qui fait ses petites
affaires
Avec son petit chapeau
Avec son petit manteau
Avec sa petite auto
Qu'aimerait bien avoir
l'air
Mais qui n'a pas l'air
du tout
Faut pas jouer les
riches
Quand on n'a pas le
sou
Faut vous dire Monsieur
Que chez ces gens-là
On ne vit pas Monsieur
On ne vit pas on triche
Et puis, il y a les
autres
La mère qui
ne dit rien
Ou bien n'importe
quoi
Et du soir au matin
Sous sa belle gueule
d'apôtre
Et dans son cadre
en bois
Il y a la moustache
du père
Qui est mort d'une
glissade
Et qui recarde son
troupeau
Bouffer la soupe froide
Et ça fait
des grands flchss
Et ça fait
des grands flchss
Et puis il y a la
toute vieille
Qu'en finit pas de
vibrer
Et qu'on attend qu'elle
crève
Vu que c'est elle
qu'a l'oseille
Et qu'on écoute
même pas
Ce que ses pauvres
mains racontent
Faut vous dire Monsieur
Que chez ces gens-là
On ne cause pas Monsieur
On ne cause pas on
compte
Et puis et puis
Et puis il y a Frida
Qui est belle comme
un soleil
Et qui m'aime pareil
Que moi j'aime Frida
Même qu'on se
dit souvent
Qu'on aura une maison
Avec des tas de fenêtres
Avec presque pas de
murs
Et qu'on vivra dedans
Et qu'il fera bon
y être
Et que si c'est pas
sûr
C'est quand même
peut-être
Parce que les autres
veulent pas
Parce que les autres
veulent pas
Les autres ils disent
comme ça
Qu'elle est trop belle
pour moi
Que je suis tout juste
bon
A égorger les
chats
J'ai jamais tué
de chats
Ou alors y a longtemps
Ou bien j'ai oublié
Ou ils sentaient pas
bon
Enfin ils ne veulent
pas
Parfois quand on se
voit
Semblant que c'est
pas exprès
Avec ses yeux mouillants
Elle dit qu'elle partira
Elle dit qu'elle me
suivra
Alors pour un instant
Pour un instant seulement
Alors moi je la crois
Monsieur
Pour un instant
Pour un instant seulement
Parce que chez ces
gens-là
Monsieur on ne s'en
va pas
On ne s'en va pas
Monsieur
On ne s'en va pas
Mais il est tard Monsieur
Il faut que je rentre
chez moi.
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