Innocent VIII, dont les mœurs peu orthodoxes jointes à une foi vraiment catholique transformaient l’âme en champs de mines.
Ce brave garçon, qui en son jeune temps attirait fréquemment les épithètes affable, facile à vivre et mou du genou, ne devait sa mitre qu’à la certitude qu’avaient tous les autres cardinaux de pouvoir le manipuler. Elevé dans la pompe et la pourpre, il avait tout d’abord fait preuve d’un naturel congruent à sa qualité de fils de sénateur romain : dépensier, paresseux, assez sot et plutôt raffiné, très pieu et plus égocentrique qu’une toupie, et surtout assidûment fornicateur, il finit par tomber amoureux d’une de ses maîtresses et légitima leurs deux enfants, ce qui indique un tempérament affectueux. Evidemment, il les avait prénommés Franceschetto et Téodorina, mais ce sont des choses qui arrivent aux parents les mieux attentionnés.
Puis la Grande Machine des Ambitions Familiales lui était tombé dessus, le bombardant archevêque à 35 ans et cardinal à 41. Un vertige le prit. Il perdit son abord amène et commença à se ronger les ongles.
Tout d’abord, il essaya sincèrement de faire une croix sur ses appétences terrestres et de prendre goût à la soupe politique du Vatican. Il ne réussit ni l’un ni l’autre et attrapa la conviction qu’il n’était qu’un gros mauvais.
Suite à quoi il retourna à son innocuité dorée, toujours mollement, mais avec un sens aigu de sa peccative nullité qui lui gâchait les meilleurs vins. |
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