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Chanteur engagé, Jean Ferrat a souvent connu la censure dans les années 60 et 70 avec des chansons jugées trop politiques.
Voici quelques exemples de chansons interdites d'antenne: "Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers, Nus et maigres tremblants dans leurs wagons plombés ...". Déconseillée par le directeur de l'ORTF, la chanson passera en contrebande, un dimanche à midi, dans le "Discorama" de Denise Glaser. Le disque se vend à plus de 300.000 exemplaires, en pleine vague florissante des "yéyés". Jean Ferrat, qui n'a jamais chanté dans les pays de l'ex-bloc communiste, vient d'écrire cette chanson à la gloire des marins du cuirassé de la mer Noire, dont la mutinerie fut le prélude de la révolution russe de 1905. Elle est interdite lors d'une émission en direct. "Chantez autre chose", lui dit-on à l'ORTF. Le chanteur reste en coulisses, refusant de paraître sans sa chanson. Cette chanson dans laquelle il s'attaque aux gouvernants ("Cet air de liberté dont vous usurpez aujourd'hui le prestige") est interdite d'antenne. Ferrat refuse de passer à la télé sans elle et patientera deux ans avant d'être à nouveau invité sur un plateau. En 1971, Yves Mourousi rompt la censure en diffusant un extrait de la chanson. Avec cette chanson inspirée de mai 68, Ferrat est à nouveau censuré à la télévision. Sur Antenne 2, le chanteur a enregistré avec Jacques Chancel "Jean Ferrat pour un soir". A la diffusion, "Un air de liberté", chanson sur la fin de la guerre du Vietnam a disparu de l'émission. "Ah!, monsieur d'Ormesson, vous osiez déclarer qu'un air de liberté flottait sur Saïgon, avant que cette ville s'appelle ville Ho Chi Minh", dit-elle. La direction de la chaîne a cédé à Jean d'Ormesson, alors directeur du Figaro, qui s'estime diffamé. Ferrat s'explique: "Je n'ai rien contre lui, contre l'homme privé. Mais c'est ce qu'il représente, (...) la presse de la grande bourgeoisie qui a toujours soutenu les guerres coloniales, que je vise à travers M. d'Ormesson". Finalement le chanteur obtient de lire une déclaration préalable expliquant pourquoi l'émission est tronquée. Le disque éponyme sort avec les dix chansons. Jean Ferrat avait fait de cette censure un sujet de chanson ironique: «Quand on n'interdira plus mes chansons, je serai bon à jeter sous les ponts...». |
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