L'étranger
Juel – Monnot – Malleron  1936

Il avait  un air très doux
Des yeux rêveurs un peu fous
Aux lueurs étranges
Comme bien des gars du Nord
Dans ses cheveux un peu d'or
Un sourire d'ange
J'aillais passer sans le voir
Mais quand il m'a dit bonsoir
D'une voix chantante
J'ai compris que ce soir là
Malgré la pluie et le froid
Je serais contente
Il avait un regard très doux
Il venait de je ne sais où…

D'où viens tu, quel est ton nom ?
Le navire est ma maison
La mer mon village
Mon nom, nul ne le saura
Je suis simplement un gars
Ardent à l'ouvrage
Si j'ai le cœur trop lourd
Donne moi donc un peu d'amour
L'espoir de caresses
Et moi, fille au cœur blasé
J'ai senti sous ses baisers
Une ardente ivresse
Il avait  un air très doux
Il venait de je ne sais où…

Simplement sans boniment 
J'aimais mon nouvel amant
Mon époux d'une heure
Comme bien des malheureux
Il croyait lire en mes yeux
La femme qu'on pleure
Et follement j'espérais
Qu'au matin il me dirait
Suis moi, je t'emmène
J'aurai dit oui, je le sens
Mais il a fui me laissant
Rivée à ma chaîne
Il avait  un air très doux
Il venait de je ne sais où…

J'ai rêvé de l'Etranger
Et le cœur tout dérangé
Par les cigarettes
Par l'alcool et le cafard
Son souvenir chaque soir
M'a tourné la tête
Mais on dit près du port
On a repêché le corps
D'un gars de marine
Qui par l'amour délaissé
Ne trouva pour le bercer
Que la mer câline…
Il avait  un air très doux
Il venait de je ne sais où…


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